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mercredi 21 novembre 2012

Le bistrot de Marcel !

Marcel est propriétaire d'un bistrot.

Il réalise soudain que tous ses clients sont des "alcoolos".
Ils n'ont pas de boulot et ne peuvent donc plus fréquenter son comptoir car ils ont vite dilapidé leur RSA.

Il imagine alors un plan marketing génial :
"Picoleaujourd'hui, paie plus tard".

Il tient rigoureusement à jour son ardoise de crédits,
ce qui équivaut donc à consentir un prêt à ses clients.

Chiffre d'affaires et bénéfices explosent et son bistrot devient vite, sur le papier, le plus rentable de la capitale.

Les brasseurs et grossistes se frottent les mains et allongent bien volontiers les délais de paiement.

Les clients de Marcel s'endettant chaque jour davantage acceptent sans rechigner des augmentations régulières du prix du godet ce qui gonfle ainsi (toujours sur papier) les marges du bistrot.

Le jeune et dynamique représentant de la banque de Marcel, se rendant compte que ce tas de créances constitue en fait des contrats à terme et donc un actif, propose des crédits à Marcel avec les créances-clients en garantie.

Sa trouvaille géniale vaut au banquier visionnaire un plantureux bonus.

Au siège de la banque, un trader imagine alors un moyen pour se faire de belles commissions :
il convertit les dettes en PICOLOBLIGATIONS.
Les "Picolobligations" sont alors "titrisées"
(converties en paquets de titres négociables)
afin d'être vendues sur le marché à terme.

Confiants les petits épargnants, investisseurs, fonds de pensions et autres spéculateurs ne captent pas que ces titres qui leur sont fourgués comme "obligations (triple) AAA", ne sont en fait que les créances bidons "d'alcoolos feignasses".

Les "Picolobligations" deviennent la star des marchés, on se les arrache et leur valeur crève tous les plafonds.

Un beau matin, un "risk manager", oublié dans les caves
de la banque, se réveille et signale qu'il est temps de demander à Marcel que ses clients règlent leurs ardoises.

Marcel essaie, mais ses clients ne bossant pas, ... bernique !

La banque exige alors le remboursement du crédit et le bistrot fait logiquement faillite.
Marcel vire ses employés et entraîne la faillite de ses fournisseurs en bibine qui, à leur tour, virent aussi leurs salariés.

Le cours des "Picolobligations" chute brutalement de 90%.
La dépréciation de cet actif vaporise les actifs et donc les liquidités de la banque
mais "Problemos" :
sa banqueroute ruinerait trop d'électeurs ("too big to fail" qu'on dit).

La banque est donc renflouée par l’'État.
Ce renflouement est financé par de nouvelles taxes prélevées chez des employés, les classes moyennes et un tas de gens qui bossent, ne picolent pas, qui n'ont jamais mis les pieds dans le bistrot du beau Marcel...

C’'est pourtant pas difficile à comprendre, non ?

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